La famille Granier de Cassagnac
La famille Granier de Cassagnac ou plus simplement "de Cassagnac" est intimement liée à la Rivière-Basse de part l'important investissement industriel réalisé à Plaisance-du-Gers par Bernard Adolphe Granier de Cassagnac (1806-1880) sous le second Empire.
Le château de la famille Granier de Cassagnac à Couloumé-Mondébat
Bernard Adolphe est né à Bergelle (commune d'Avéron-Bergelle aujourd'hui), canton d'Aignan (Gers), le 11 août 1806 de Pierre-Paul Granier de Cassagnac, gentilhomme verrier* et d'Ursule Lissagaray (mariés à Aignan en Armagnac le 13 octobre 1805). Il étudie à Toulouse chez son oncle, émigre un temps aux Antilles où il rencontrera son épouse, devient écrivain puis rentre à Paris pour devenir journaliste. Il est critique littéraire sous la Monarchie de Juillet et fréquente les personnalités influentes de l'époque. De père Bonapartiste, il milite fortement pour l'accession à la présidence de la République de Louis Napoléon Bonaparte, futur Napoléon III et sera un acteur important du coup d'Etat du 2 décembre 1851 instaurant le second-Empire.
Ci-contre : Bernard Adolphe Granier de Cassagnac,
une rue porte son nom à Plaisance.
Sur cette caricature de Benjamin Roubaud parue sous la Monarchie de Juillet, on retrouve Granier de Cassagnac, ici en 3ème position sur le Pégase Romantique conduit par Victor Hugo, derrière Théophile Gauthier et en compagnie de Lamartine, Sue, Balzac, Dumas, de Vigny, etc.
Sa proximité avec Napoléon III va lui permettre de constituer très rapidement un important patrimoine foncier (1). Déjà propriétaire du château et de terres à Couloumé Mondébat depuis 1836, il va acheter le château de Tursan d'Espagnet à Ladevèze-Ville, de nouvelles terres à Juillac et Armentieux ainsi que le château et des terres à Termes d'Armagnac. Parallèlement il va faire creuser un canal d'irrigation et bâtir deux moulins à Plaisance entre 1859 et 1867. Député du Gers, il abandonnera en 1865 la mairie du Couloumé pour devenir maire de Plaisance (1865-1870 et 1871-1874). Il siégera à l'assemblée pratiquement sans interruption de 1852 à sa mort en 1880. Bernard Adolphe Granier de Cassagnac laissera localement une empreinte politique importante que ses fils et son petit fils entretiendront pendant plus d'un demi-siècle. Il décédera au château du Couloumé le 31 janvier 1880.
De son mariage contracté le 24 août 1841 à Paris avec Marie Madeleine Rosa Beaupin de Beauvallon naîtront cinq enfants : quatre garçons dont deux jumeaux et une fille.
(1) Gilbert Sourbadère : l'évolution de la fortune foncière de B. A. Granier de Cassagnac - Soc. Arch. du Gers 1977
L'aîné et peut-être le plus célèbre des "Cassagnac" au niveau national, Paul Adolphe Marie Prosper Granier de Cassagnac est né le 2 décembre 1842 à Paris. Homme politique bonapartiste et journaliste de premier plan sous la Troisième République, il sera député du Gers de 1876 à 1902 pratiquement sans interruption, conseiller général du canton de Plaisance de 1869 à 1904 et maire du Couloumé de 1871 à 1875. Il défendra ardemment le canton notamment sur le projet de voie ferrée dans la vallée du Bouès qu'il ne parviendra malheureusement pas à faire aboutir. A Paris, à l'assemblée nationale il défrayera souvent la chronique par ses interventions à la tribune et par ses nombreux duels à l'épée qui feront de lui une figure des partisans de l'Empire et opposants à la IIIème République. Chevalier de la légion d'honneur (1868).
A Plaisance, plus particulièrement au quartier Rapine à majorité bonapartiste ou plutôt cassagnaquiste, à Lasserrade et dans les environs, nombreux étaient ceux qui lui vouaient une admiration sans bornes. Marié en seconde noce à l'Alsacienne Julia Acard (1855-1946), le 27 juin 1878 à Paris, il aura deux fils Paul-Julien et Guy (voir ci-dessous). Il meurt d'une crise d'appendicite à Saint-Viâtre dans le Loir et Cher le 4 novembre 1904 à 61 ans. Il repose au cimetière de Montmartre à Paris.
Jeanne Granier de Cassagnac née le 20 mars 1847 à Paris est la seule fille de la fratrie. Elle décède le 29 juillet 1892.
Louis Elie Edouard Granier de Cassagnac est né 2 février 1848 à Paris. Militaire de carrière, il décédera le 1er août 1930. Commandeur de la légion d'honneur (1909).
Enfin, le 16 février 1854 naissent les deux petits derniers, deux jumeaux, Albert Charles Bernard Granier de Cassagnac et Jean-Baptiste Georges Albert Granier de Cassagnac. Albert sera militaire de carrière, chevalier de la légion d'honneur (1901) et Georges, banquier et homme politique (député du Gers à la mort de son père puis conseiller général du canton d'Aignan). Georges décédera prématurément le 25 octobre 1897 à seulement 43 ans. Albert mourra le 22 janvier 1923. Paul, l'aîné et Georges le cadet siégèrent côte à côte à l'assemblée départementale gersoise pendant de longues années. Georges était le père de Saint-Granier.
Ci-contre à droite, une huile sur toile du peintre Louis Boulanger (1806-1867), représentant Rosa Granier de Cassagnac, épouse de Bernard Adolphe et les deux jumeaux : Albert et Georges.
En ce qui concerne la troisième génération de Cassagnac, on ne peut ignorer les deux fils de Paul : Paul Julien de Cassagnac né le 12 avril 1880, quelques mois seulement après le décès de son grand-père et Guy de Cassagnac né le 26 décembre 1882.
Paul Julien est licencié en droit et journaliste. Il prend la suite de son père à la direction du journal bonapartiste "l'Autorité" avec son frère. Il sera élu député du Gers après la première guerre mondiale et conseiller général de Plaisance (1905-1937). Lui aussi fut un grand duelliste à ses heures. Il meurt au château du Couloumé le 7 septembre 1966 sans descendance. Officier de la légion d'honneur (1940).
Guy, écrivain et journaliste comme son frère, son père et son grand-père mourra des suites de ses blessures dès les premiers jours de la Grande Guerre, à Faxe en Lorraine le 21 août 1914 sans descendance.
Paul Julien de Cassagnac
(1880-1966)
Paul et Guy de Cassagnac sur un vitrail de l'église du Couloumé (photo Marcel Lavedan)
Guy de Cassagnac (1882-1914)
Des gentilshommes verriers de la noblesse du verre
*Les Granier ou Grenier de Cassagnac étaient gentilshommes verriers et appartenaient à la noblesse du verre sous l'Ancien Régime. Ils possédaient une verrerie dans le Fezensac dans l'immense forêt de Montpellier à cheval sur les communes de Riguepeu, Caillan et Castelnau-d'Anglès (voir plan de situation général au bas de la page). La présence de la tuilerie atteste du fait que le lieu était propice : la forêt fournissait le combustible, l'argile et le sable permettaient la réalisation du four et la fabrication du verre.
Le lieu-dit "Cassagnard" évoque le patronyme Cassagnac.
La verrerie de Montpellier sur la carte de Cassini vers 1770
L'arrière grand-père de Bernard-Adolphe, Jean de Grenier, Sieur de Cassaignac né en Haute-Garonne épouse à Avéron près d'Aignan (commune d'Avéron Bergelle aujourd'hui) la demoiselle Marie Robert, fille d'un gentilhomme verrier. Ils s'installent à la verrerie de Montpellier sus-nommée. De cette union naît à Castelnau d'Anglès le 1er mars 1741, Joseph qui transformera par la suite définitivement son nom en "de Granier de Cassagnac". Ce dernier s'unit à Castelnavet près d'Aignan le 28 novembre 1769 à demoiselle Elisabeth de Delort.
Leur fils, Pierre-Paul Granier de Cassagnac naît à Callian le 23 avril 1771. Il prend la suite de ses parents et devient directeur de la verrerie de Montpellier. Il épouse en seconde noce Ursule Lissagaray, le 13 octobre 1805. Ils quittent la verrerie tombée en ruines pour reprendre un temps celle d'Avéron Bergelle. Ce fut le dernier gentilhomme verrier de la région. Pierre Paul de Granier de Cassagnac s'est éteint le 25 juin 1833 à Avéron-Bergelle, c'était le père de Bernard Adolphe.
Bibliographie : Bull. Soc. Arch. du Gers 1904
Plan de situation