Le castelnau de la Devèze
Devèze du latin defensum c'est à dire un lieu en défens (défendu), terre close sous l'Ancien Régime.
La Devèze, plus précisément le quartier de la ville de "La Madeleine" à Ladevèze-ville était autrefois un important castelnau, un château neuf construit par le vicomte de Labatut. Idéalement placé, dominant les vallées de l'Arros et de l'Adour, sa construction date du milieu du XIIIème siècle. C'est Jean de Rive-Haute, vassal du seigneur de Rivière, qui est seigneur de La Devèze à la fin de ce même siècle. Le seigneur de Rive-Haute possédait de nombreux biens dans la plaine et notamment le territoire de Ribaute et sa motte castrale (le Plaisance originel) qui sera cédé à Etienne de Luppé, abbé de la Case-Dieu en 1299.
Au fil du temps, n'ayant plus de protection à assurer et n'ayant jamais été située sur un axe de communication important, la "Ville" s'est peu à peu dépeuplée au point que ses habitants ne se comptent plus que sur les doigts d'une main en 2016. Ils étaient encore une cinquantaine en 1861.
Sur la carte de la Rivière-Basse de Cassini au XVIIIème siècle, on note encore l'importance de la ville puisque comparable à Beaumarchés derrière Maubourguet, Castelnau, Plaisance et Marciac (voir-ci-dessous).
Sous l'Ancien Régime, les villages de Ladevèze-Ville et Ladevèze-Rivière ne faisaient qu'un "La Devèze" qui comptait 1309 habitants en 1765.
La communauté regroupait cinq paroisses et cinq églises : Saint-Laurent et Saint-André formant actuellement Ladevèze-Rivière et Saint-Pierre, Castex et La Madeleine formant Ladevèze-Ville.
La Devèze était le siège d'un archiprêtré comme Castelnau de Rivière (Castelnau Rivière-Basse). Tous les deux formaient l'archidiaconé de Rivière-Basse une subdivision du diocèse de Tarbes.
Côté bâti, il ne subsiste aujourd'hui que quelques vestiges mais qui permettent quand même d'imaginer ce que pouvait être le castelnau à l'époque.
Ci-contre sur le plan napoléonien, un aperçu du castelnau avec l'enceinte primaire en noir délimitant le château (0,4 ha) et l'enceinte secondaire délimitant la ville fortifiée (1,6 ha).
Les remparts furent démolis peu de temps avant la révolution .
On peut remarquer qu'à l'époque (début XIXème), l'église de la Madeleine (à l'Est de la ville) n'était pas encore démolie (il ne reste que le clocher aujourd'hui).
La cité (1,6 ha y compris le château) était ceinturée par un fossé, comprenait 3 portes d'accès :
Chaque porte était surmontée d'une tour de défense carrée.
La poterne Nord-Est du Château qui donnait directement sur l'extérieur.
Le château (4000 m2 soit le quart de la superficie) comprenait deux poternes, l'une à l'intérieur de la cité au Sud-Ouest et l'autre ouvrant directement sur l'extérieur au Nord-Est. Ces deux poternes plus étroites que les portes de la cité étaient elles aussi surmontées de tours de défense comme on peut le voir ci-contre à gauche pour la poterne Nord Est. Ce qu'il reste de la tour est envahi par la végétation.
Le talus de protection en pente ou glacis encore intact à droite de la poterne.
Les remparts et les autres tours furent malheureusement démolis vers 1776 par M. Tursan d'Espagnet, contre l'avis de la municipalité, pour construire son château.
Ci-dessous : ce qu'il reste de "La Ville" en 2014
Ci-dessous une photo satellite de 2013 avec une superposition des enceintes historiques de la Ville et du Château.
Ci-dessus, une photo de la Ville vers 1970
Ci-dessus, une photo de la Ville début XXIème siècle en hiver.
Ce précieux patrimoine est en grand danger aujourd'hui.