L'ancienne église de Thèus
(Ladevèze-Rivière)
Saint-Laurent de Thèus (phon tɛus ; "Tèouss") était l'une des cinq églises de La Devèze au Moyen-Age et sous l'Ancien Régime. Elle formait avec l'église Saint-Jean de Tieste la paroisse de Saint-Laurent et Tieste. Elle était patronée par l'abbaye de la Case-Dieu mais faisait partie de l'archidiaconé de Rivière-Basse, une subdivision du diocèse de Tarbes. Elle n'existe plus aujourd'hui.
Les cinq paroisses de La Devèze vers 1770
Le martyre de Saint Laurent par le Titien (San Lorenzo del Escorial 1564-1567)
Selon la tradition orale, la petite église et son cimetière étaient situés sur les hauteurs du village sur la petite route qui mène à "la Ville", la Madeleine aujourd'hui. Elle était voisine des églises Sainte Marie Madeleine et Saint André.
Il ne reste malheureusement plus aucun vestige mais un petit bouquet d'arbre matérialise encore son emplacement. Deux chemins portaient encore le nom de "chemin de l'ancienne église" sur le cadastre napoléonien de 1839 (voir carte ci-contre).
Le petit bouquet d'arbre à droite du chemin matérialise l'emplacement de l'église
Le même endroit vu de l'ouest
Ci-contre à gauche, on peut observer la convergence des anciens chemins vers l'église. Toujours sur le vieux cadastre de Ladevèze-Rivière, les parcelles portant les n°466 et n°467 section E qui correspondent à l'emplacement de l'édifice sont les seules qui ne sont pas portées en vigne ce qui confirme la localisation. Ces deux parcelles sont malheureusement vierges de tout vestige ou ruines apparents. Tous les matériaux sans exception ont été utilisés pour la construction de la nouvelle église de Saint-Laurent dans la plaine.
La première évocation de l'église de Thèus remonte au XIIIème siècle. Elle était alors et restera jusqu'à la période révolutionnaire associée à celle de Tieste dans la cure Tieste-Thèus. Un seul et même desservant (prêtre) officiait sur les deux paroisses et l'église Saint-Jean de Tieste était succursale (voir ci-contre).
Le premier curé connu portait le nom de frère Vital de Sérério (1279).
Architecture :
On ne connaît que peu de chose de l'architecture de l'église. Probablement de fondation romane comme sa voisine de Saint-André, on sait qu'elle était en partie ceinturée d'un couvert en forme de cloître avec un mur de quatre pieds de hauteur environ (1m20) supportant les colonnes.
C'est aussi le cas, pour partie, à Saint-André (voir ci-contre et ci-dessous).
A droite : l'église voisine de Saint-André
Le couvert en forme de cloître à Saint-André
Le même couvert vu de l'extérieur
Administration de la cure :
En gris, l'archidiaconé de Rivière-Basse dans le diocèse de Tarbes. Cet archidiaconé était lui même divisé en deux archiprêtrés : Castelnau et Castex/Saint-Pierre en Devèze (Source : AD 65)
En 1309, un différend intervint entre l'abbé de la Case dieu et l'évêque de Tarbes au sujet des droits de patronage et de partage de la dîme. C'est en effet l'abbé de la Case Dieu dans le diocèse d'Auch qui nommait le curé, généralement un chanoine prémontré. Mais ce frère, devenu desservant de la paroisse, devait obéissance à Monseigneur l'évêque de Tarbes. Cela posait à l'évidence des problèmes juridiques.
Le revenu de la cure était partagé en parts à peu près égales entre l'évêque, l'abbé, l'archidiacre et le curé.
D'autres réclamations provenant de l'une ou l'autre des parties eurent lieu au cours des siècles suivants. Les arbitrages tournèrent souvent à l'avantage de la puissante abbaye.
A partir du XVIIIème siècle, certainement pour faire face à l'augmentation de la population, un vicaire vint seconder le curé. Ce vicaire était établi à Tieste.
En 1755, l'évêque de Tarbes dressa un procès-verbal des réparations à faire d'urgence sous peine de frapper l'église d'interdit. Ceci pourrait indiquer que l'abbaye des Prémontrés commençait à rencontrer des difficultés et à perdre de son influence.
En 1776, le roi Louis XVI interdit toute sépulture à l'intérieur des églises. Les paroissiens durent renoncer aux inhumations pratiquées jusqu'alors sous les couverts de l'église. Il fallut créer un cimetière. Ce fut fait au levant de l'église.
Les églises de Saint-Laurent et Saint-André vers 1770
A la veille de la Révolution, c'est le frère Jean Lacrampe qui est curé de Thèus et Tieste. A cette époque, une note du diocèse de Tarbes sur l'état des paroisses nous en dit plus sur les qualités morales des paroissiens de Saint-Laurent: "Ce sont des gens excités par le goût de l'agriculture, animés de l'esprit de sage économie. Ils savent se contenter, pour vivre, de peu et travailler beaucoup. Ils respectent la religion et les lois et abhorrent le vice".
Source : Abbé Gaubin : la question des églises d'hier et d'aujourd'hui
Pourquoi l'église fut-elle démolie ?
La construction de la grand route (actuelle départementale D14) entre 1777 et 1784 va se traduire par un fort développement de la plaine au détriment de la "Ville". De plus, le démembrement de La Devèze en deux communes en 1790-1791, va modifier les équilibres nés sous l'Ancien Régime. Ladevèze-Rivière, constituée des deux paroisses Saint-André et Saint-Laurent, se trouve donc de fait uniquement pourvue de deux petites églises exiguës et en mauvais état qui plus est excentrées et éloignées de la plaine. Il fut même un temps envisagé de les détruire toutes les deux pour en construire une plus grande à proximité de la grand route. Finalement seule fut démolie la vieille église de Thèus qui fut rebâtie entre 1828-1832 sur un terrain donné par M. Lalanne Dubernet alors trésorier de la Fabrique.
Les Duclos-Polastron auront aussi certainement oeuvré pour que la nouvelle église soit implantée dans la plaine non loin du château d'autant que cette famille était déjà depuis longtemps mécène de la petite paroisse. Cette famille de la noblesse du pays de Rivière-Basse a fourni une partie des fonds nécessaires à la construction du nouvel édifice pour lequel les matériaux de l'ancienne église furent réemployés.
L'église nouvelle est présente sur le plan de 1839 à une distance de 500 m à vol d'oiseau de l'ancien site.
Une page d'histoire était tournée...